Située à une quarantaine de kilomètres de la ville d'Aluminé dans le Nord de la Patagonie Argentine, l'école numéro 58 Juan Benigar (qui porte ce numéro car 58ème école construite dans le comté
de Neuquen) est communément appelée Ruka Choroy. La Ruka est la maison et le Choroy est un oiseau typique de cette région de Patagonie proche de la frontière chilienne et très populaire
dans la culture Mapuche.
Car c'est là toute la particularité de cette école, située en plein territoire Mapuche, elle a pour but de préserver et même faire perdurer cette culture ancestrale grâce à un enseignement moitié
mapadungun (langue originelle) et moitié espagnol. Pour rappel, les Mapuches, dont le nom signifie « peuple de la terre », sont également
appelés Araucans. Ils vivent principalement au Chili, dans la région de Temico, et autour de Santiago, et dans le Centre–Est de l’Argentine, en Patagonie, où nous les avons
rencontrés.
Ils représentent une population d’environ 200 000 personnes en Argentine et seulement un tiers de ces Indiens vit aujourd’hui en milieu rural. Leur tradition orale rapporte qu’ils furent
l’un des seuls peuples à résister à l’expansion de l’empire Inca, qui ne réussit pas à les conquérir.
Bien qu'étant une école publique et à ce jour la seule autorisée à enseigner 50% du cursus scolaire dans la langue mapudungun, l'école a un fonctionnement unique en son genre. Si le directeur et
les professeurs sont bien fonctionnaires et donc employés de l'Etat Argentin, la plupart des décisions sont prises par la communauté Mapuche dont sont issus les 70 enfants scolarisés de
l'établissement. De par sa situation géographique (en Patagonie donc) mais aussi sa difficulté d'accès puisque seulement une voie relie Ruka Choroy et la ville la plus proche Aluminé avec une
route montagneuse faite de graviers et très dangereuse et un seul bus par jour, l'école ne dispense des cours qu'en été pour éviter tout risque d'accident tant pour les professeurs que pour les
élèves.
En plus de problèmes de transports, l'école fait face à un manque cruel de moyens et surtout de matériel scolaire que les professeurs doivent eux même acheter pour pouvoir dispenser les cours de
manière correcte (feuilles, gommes, crayons,...). Enfin, étant donné les difficultés d'accès et de communication avec la communauté Mapuche mais aussi les coûts engendrés par le manque de
fournitures, l'école voit sans cesse ses professeurs se faire muter dans des endroits plus aisés et sert aujourd'hui d'école de fin de formation pour les nouveaux professeurs qui y passent
rarement plus d'un an. Difficile donc dans ce contexte pour les enfants de trouver de véritables références et d'évoluer dans de bonnes conditions.
C'est dans ce contexte que nous sommes allés visiter cette incroyable et unique établissement qui malgré les difficultés voit de plus en plus d'élèves réussir et poursuivre leurs études en ville
!